C'était mardi 10 septembre dernier, lors de la
première de ce spectacle électrique, gestuel et vocal, intitulé Cupidon propriétaire de l'immeuble situé sur l'Enfer et le Paradis. Installée au Cirque électrique, place du Maquis du Vercors (20ème), cette représentation se compose
d'éléments qui ne se révèlent que progressivement au public : un couple d'amoureux au langage à la fois familier et étrange(r), un décor tout animé dans lequel trône une armoire drôlement
penchée, une statue habillée en gouvernante à moins qu'il ne s'agisse d'une vraie femme (?), des poupées joufflues, des maillots de corps secoués de soubresauts...
Un chant orientalisant empli la salle alors qu'un lapin électromécanomaniaque passe devant le public intrigué,
amusé, captivé. JE suis intriguée, surtout par ce couple sans jambes sur lequel la lumière se fait. Je ne cesse de demander si j'ai affaire à une femme - tronc. Curiosité malsaine ? Non.
Plutôt l'expression inconsciente d'un vieux rêve que seuls, les livres de contes et certains films expressionnistes arrivent à incarner parfois, rencontrer des "freaks". J'ai envie de plonger et
d'être cette enfant perdue dans une fête foraine qui, soulevant le rideau pourpre, découvre, Ô surprise ! , un spectacle jamais vu et interdit car il me semble qu'il s'adresse plutôt
à des adultes.
Le spectacle commence à
peine, et je suis déjà en train de me raconter des histoires qui n'ont peut-être rien à voir avec ce qui se dit sur la
scène : deux monstres mi-humains mi-machines parlent, se parlent d'amour : l'homme aurait été
privé de ses jambes par la Guerre, sa compagne, elle, serait une véritable femme-tronc depuis sa
naissance...
Soudain, le décor s'agite, des rires d'enfants retentissent, et quoi d'autre, et quoi d'autre ?
Là, un t-shirt clair surmonté d'une tête de poupée se réveille alors que là-bas jaillissent des flammes, tout-à-coup captivantes et fascinantes. Ailleurs, des poupées dodelinent, et puis il
y aussi cette chute de couteaux, "pénétrante" (?), le balancement musical d'un violoncelle, et cette valse insolite entre un pantalon mécanique et...
De sa voix changeante, la femme - poupée invite à jouer,
séduit, se fâche, rit, boude, pleure. L'homme aux pieds de ballerine tente de déclamer un chant d'amour, essaie, essaie encore, réussit enfin et c'est drôle et c'est dramatique, tout
s'illumine et bouge, c'est comme un frétillement de joie (lubrique ?), une explosion orgasmique. Il rit, s'attriste lui aussi... Parades et disputes amoureuses ? Douce folie collective
?... En dire plus ? Je le peux, mais vivre l'expérience est tellement plus vrai.
Tu veux jouer avec moi ? d'après la sculpturopéra Cupidon...
Feutre pinceau, feutres, crayons de couleurs et collages - 24 x 18
cm.
© ema dée
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