La créatrice de mode, couturière et designer française Sonia Rykiel s'est éteinte le 25 août 2016. J'ai eu envie de rendre un hommage particulier à cette grande dame à la chevelure feu et toute de noir vêtue. En cherchant quel dessin produire, je me suis souvenue de la première fois où je l'ai rencontrée.
Ce que je vis d'abord d'elle, ce fut son nom. (Mais c'était bien avant de savoir ce qui se cachait derrière et ce qu'il signifiait.) Il était écrit en grosses lettres, d'un noir lisse et satiné, sur un pull tout simple, en laine à petites mailles, et noir aussi. Une femme courte et rondelette portait ce pull - enseigne, en permanence comme un fétiche ou un haut pyjama, au-dessus d'un pantalon en cuir vert olive. Elle enseignait l'Histoire-Géo dans ma classe de 3ème B.
Je la trouvais bien insolite, cette enseignante.
Sa chevelure brune, coiffée en une très longue natte qui lui arrivait jusque sur les fesses, fouettait l'air quand elle se retournait pour nous regarder prendre des notes sous sa dictée. Comme une figurante de dessin animé pour enfants, elle avait un corps expressif, en forme de bouteille d'Orangina : une petite tête, des épaules étroites et tombantes, une poitrine abondante, une taille large, avec des cuisses généreuses, des mains aux doigts effilés et aux ongles vernis et des pieds minuscules, serrés dans des bottines en cuir noir à bouts pointus. "Elle devait chausser du 36 !" je me disais.
Sa chevelure brune, coiffée en une très longue natte qui lui arrivait jusque sur les fesses, fouettait l'air quand elle se retournait pour nous regarder prendre des notes sous sa dictée. Comme une figurante de dessin animé pour enfants, elle avait un corps expressif, en forme de bouteille d'Orangina : une petite tête, des épaules étroites et tombantes, une poitrine abondante, une taille large, avec des cuisses généreuses, des mains aux doigts effilés et aux ongles vernis et des pieds minuscules, serrés dans des bottines en cuir noir à bouts pointus. "Elle devait chausser du 36 !" je me disais.
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Je me rappelle son visage étroit ; sa peau avait, en toute saison, le teint hâlé comme une tourte. Son nez fin et pointu, légèrement busqué, était chaussé de lunettes aux montures épaisses en plastique noir signé d'un "SR" doré. Une frange coupée net lui cachait les sourcils et lui caressait presque les paupières. Cette frange trop présente semblait la gêner ; se la coupait-elle elle-même ?
Je pensais qu'elle devait être un peu paresseuse pour s'habiller tout le temps de la même façon, boulotte et singulière dans son pull noir Sonia Rykiel, son pantalon en cuir vert et ses bottes de sorcière ventripotente. J'imaginais
sottement un intérieur domestique fonctionnel, une garde-robe modeste et réduite à l'essentiel, trois ou quatre pulls noirs, deux, peut-être trois pantalons verts, et une seule paire de
chaussures. Pour toute sa vie de professeure. Je me posais souvent cette
question quand je la voyais entrer dans notre salle de cours dans son ensemble pull noir tagué + pantalon vert :
"Est-ce qu'un professeur peut être un fan de ?"
J'ai découvert le travail de Sonia Rykiel quand j'étais en dernière année de lycée. Puis, j'ai suivi de loin ses créations, surtout grâce aux magazines et à la télévision.
C'est en faisant l'esquisse au crayon de ma composition que le souvenir de ma petite enseignante de collège rondelette est revenu. Je me
suis alors installée dans cette image douce et drôle. Je retrouvai ainsi la période où j'illustrais mes devoirs de petits croquis dans la marge, où
je rêvais devant la diffusion télévisée des défilés de mode, de devenir
un jour styliste pour messieurs, de faire le portrait des grandes dames du
cinéma et d'écrire les aventures inédites du Club des 8. Cette période où
penchée au-dessus de mon cahier, la main tachée d'encre de stylo à bille
et suspendue dans l'attente de la prise de notes à venir, j'entendais Mme Sylva commencer invariablement son cours en disant d'une voix ferme et distincte : "Vous notez point, à la ligne, vous notez !"
Peut-être qu'au cours de l'année, Mme Sylva a porté une chemise jaune, un pantalon rouge ou des bottes de sept lieues, mais curieusement, je ne m'en souviens pas. Je me rappelle juste de ce pull en lainage noir avec dessus, ces grosses lettres en tissu satiné et lisse et de ces lunettes signées SR. En doré.
Voici donc mes salutations personnelles - sincères bien que tardives - à la reine du tricot qui a beaucoup fait pour le monde de la Mode et les femmes, et en particulier pour celles aux proportions généreuses. La boucle est bouclée!
Voici donc mes salutations personnelles - sincères bien que tardives - à la reine du tricot qui a beaucoup fait pour le monde de la Mode et les femmes, et en particulier pour celles aux proportions généreuses. La boucle est bouclée!
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