Aux odeurs fraîches du jour
Détrempé
Dans les chemins silencieux
La terre est noire l’herbe a foncé
Le brillant d’un abri en bois
Ma maison ruisselle.
Pourtant la tournée des poules
grasses
Suite de taches grises chinées de noir chiné
de blanc
Le gai toupet rouge percé d’une bille
D’onyx cernée de souffre
En avant !
Le sol fourmille de visiteurs.
Tous les matins de pluies
Les racines noueuses
Vernies
Les feuilles pesantes
Le métal glougloutant
D’une gouttière
Un banc aux fesses humides
La chaussée est prudente.
Pourtant
Des cris surexcités
Sur les trottoirs lustrés
En bottes vertes rouges
Dans les flaques boueuses
Bleu sale
Les jeux de fortune aux genoux
Tout crottés
Des enfants pris d’impatience !
Un ballon a traversé la route
Dangereuse diagonale !
Les baleines récalcitrantes d’un parapluie
grotesque
Crissements : un ciré s’affaire !
Une vieille encapuchonnée
Sac en plastique d'apparat
Une jupe blanche - distraite
Explosion de gouttes noires !
Au râle confus, des rires.
On attend le car
Dans le dernier virage
Les vitres familières
Bonds suraigus cris de sauterelles
Enfin la sortie !...
La pluie. Comme j'aime la pluie en ville, depuis l'enfance..
À l'âge adulte, on rigole moins. On réalise vite que la pluie — miracle en été dans certaines régions au climat sec — peut rapidement devenir une véritable gêne : ralentissement de la circulation, dangerosité des déplacements de groupes d'enfants sur la chaussée, infiltrations dans le métro, flaques, inondations. C'est toute une mécanique qui est grippée, un microcosme urbain qui prend l'eau ! La ville fuit, le quotidien dégouline.
Mais le rideau de pluie fine par temps bleu,
Mais le clapotis dans les alcôves lacustres,
Mais le déluge en plein soleil...
Au réveil, juste avant de commencer la journée, le matin est comme apaisé, gourd et il sent, et le soir, ou plutôt, dans la nuit, quand tout le monde est endormi, à part soi et quelques autres insomniaques anonymes à l'abri derrière leurs volets, hypnotisés par les ondes, la pluie gaine l'atmosphère, elle devient particulière, les sons sont plus intenses, et quand la pluie s'arrête, on les perçoit mieux, plus, le bruit solitaire d'une automobile perdue, le silence qui vient après, la sensation de vide autour de soi et la terre alentour qui sommeille...
C'est comme entrer dans un autre temps... réservé.
Une tentative de se mettre en récit poétiquement et qui fait suite à d'autres tentatives successives, à découvrir ici.
© ema dée
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