La rue s'ébroue — bruyante
L'immeuble d'en face vire au jaune — d'or
Des tournicoti tournicoton — au ventre
Un panneau de bois dense trône
0, 007 m x 0, 80 m x 1, 20 m — de possibilités d'expression
Contre ses larmes de fond
En soutien
Deux tréteaux — nus
Le goût du livre fait main
Qui titille sous la langue
Posés dessus les deux tréteaux nus
Et dessus le panneau de bois - roi
Une nappe — à motifs naïfs — froissée
Qui bourle à un endroit
Une bordure surpiquée rouge carmin ajoute un peu
D'élégance
Posée dessus tout l'barda à motifs et bois nu — et lisse
Un vieux pichet en verre
De l'eau du robinet — coincée à l'intérieur — flotte
La anse le bec transparents et leurs bords arrondis
Installés côté nord ouest de l'espace de travail
De l'artiste — au travail
À côté du pichet son bec sa anse
Une palette de peintre d'un blanc maculé
De taches multicolores
Une assiette — elle est jaune, elle est ronde — idéal récipient creux
De rinçage
Deux pinceaux plats se noient dans l'eau sale
Dans le coin bas de gauche
Un pinceau n°2 — paraît-il
Pourvu de véritables poils de Martre véritable — paraît-il
Les vrais poils en fausse Martre véritable se tirent — c'est chiant !
En pagaille
Non loin du pichet
Des couleurs liquides — distribuées en flacons carrés
Munis d'un bouchon d'un noir propre et brillant
C'est de l'encre aquarelle
Aux teintes blueviolet black cold grey scarlet red sound yellow
Lemon yellow pastel rose mêlées de bronze green — et cela suffit bien
En plus
Surplus bien inutile, ma foi
Un vieux torchon effiloché — et son office
Deux verres en plastique — souvenirs recyclables d'un festival
De rock
Et un mug de thé vert à la menthe — vide
Repères - vestiges - repères
Sur du papier Japon déchiré en bandes blanches — opaques
Noter
Sur les pages carrées d'un petit carnet à esquisses — rouge
et élastique — rouge
Peindre
En mots brefs — à l'encre cursive
En taches ovoïdes — le pinceau a des rondeurs
L'humeur du jour est aux commandes
La main pilotée, l'inspiration téléguidée
Le trop-plein se dilue dans les formes aqueuses
Et
De pages en pages — carrées beiges et lisses
Les mots-taches historisent.
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Remarque à postériori : il me semble qu'il s'agit de parler du temps, ici/ mais, je n'en suis pas complètement convaincue/ il me faudrait quelques minutes, quelques heures, — quelques jours, encore ! —, pour bien y réfléchir.../ Oui, toute réflexion bien menée, il est bien question du Temps, ici/ il faut du temps pour laisser les couleurs se mêler/ je ne laisse pas les couleurs se mêler/ non/ décidément/ je peins à l'encre aquarelle dans la hâte/ fiévreuse/ hâte de voir comment les couleurs se mêlent/ au diapason de mes émotions qui se mélangent à mes idées, comme un macramé, les pensées, les idées, les attentes se tressent, en fils distincts, pourtant liés, reliés/ le temps, entre l'encre qui se pose, macule, tache le papier, et la pulsion du mot/ observatrice de moi-même/ sans censure/ le besoin de narration/ sans censure/ la hâte à dire/ même n'importe comment/ sans rime, sans figure, ni prosodie/ des mots, en suites – inventaire expressionniste – qui renferment dans leur brièveté toute une histoire. )
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Ema Dée vous remercie de votre curiosité et de votre visite. À bientôt !