Depuis plusieurs semaines, je livre ici quelques pensées. Je les accompagne d'un dessin issu d'un carnet de croquis, un journal de bord fait à partir de gribouillis tracés au fil des jours — deux mois ! Quelles pensées ? D'abord des bribes de celles qui m'ont traversée durant le confinement, ensuite, celles que m'évoque au quotidien la reprise, le déconfinement, chacun reprenant à sa manière et à son rythme autant que possible, autant que souhaité, autant que commandé, le chemin de sa reprise, de ses bonnes ou inconfortables habitudes.
Il se peut que chaque article aborde un ou plusieurs thèmes. Leur fil conducteur ? Faire trace d'une expérience sensible qui émerge depuis l'intérieur.
Il se peut que chaque article aborde un ou plusieurs thèmes. Leur fil conducteur ? Faire trace d'une expérience sensible qui émerge depuis l'intérieur.
Il paraît que des renards, des biches et d'autres animaux sauvages habitués à rester confinés dans les forêts et les bois ont poussé loin leur promenade, jusque sur le pas de la porte des maisons individuelles. Qu'ils se sont aventurés ! Libres, curieux. Dans d'autres domaines que le leur. Repoussée la frontière entre les rues, les chemins et la forêt, le sous-bois, les clairières, les prairies ; repoussée la crainte. Comme j’envie celles et ceux qui, au petit matin, se sont retrouvés face à une boule de poils roux, à la queue touffue et pointue, face à une tête haute et fine aux grands yeux calmes... Ô nature matinale et rieuse !
Roucoulades et prunelle à l'affût en banlieue parisienne : j'ai eu, pour seuls visiteurs, des pigeons ; les gros volatiles ont fait des haltes prolongées et régulières sur le bord de ma fenêtre. Une fois, les voyant en groupe de quatre à cinq individus posés benoitement — conquérants tranquilles d'un nouveau territoire —, je me suis demandé s'ils avaient la moindre conscience, à l'instar des renards et des biches, la forêt, le sous-bois, qu'on vivait sur Terre quelque chose d'inédit et d'une vaste ampleur.
Hier, j'ai rencontré un petit vieux tout rose et tout tordu ; il m'a dit : "La pollution revient comme avant ; tout revient comme avant."
J'ai pris les transports en commun aujourd'hui ; après une appréhension toute légitime, j'ai goûté un moment la saveur de déplacements où chacun, chacune, moi, dispose d'un espace nécessaire pour respirer, élargi. J'ai rêvé que j'arpentais le quai de mon RER avec les bras tendus, sur ma gauche et ma droite. Je rencontrais nul obstacle ! À un moment, car les distances ne sont pas partout respectées — possiblement respectables — , les passagers repris dans leur quotidien reprennent leurs habitudes, l'espace urbain se rétrécit — mécaniquement ou involontairement. La peur du vide entre, la moiteur réconfortante de la promiscuité, la pulsion irrépressible des sardines à l'huile ou le reconditionnement de la Machine ?
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6 - Observation pédestre (Une chaussure au Crayon et au feutre)
Jour 5 (21/ 03/ 2020) : "Le confinement est devenu naturel ; je regarde par moments dehors ; il y a toujours des imprudents - tes qui déambulent dans le boulevard (sans masque), je me demande ce qu'ils fabriquent à la fin !"
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Le projet de pensées-dessins brutes qui revient rituellement chaque mercredi a commencé ICI.
© ema dée
6 - Observation pédestre (Une chaussure au Crayon et au feutre)
Jour 5 (21/ 03/ 2020) : "Le confinement est devenu naturel ; je regarde par moments dehors ; il y a toujours des imprudents - tes qui déambulent dans le boulevard (sans masque), je me demande ce qu'ils fabriquent à la fin !"
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