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mercredi 22 juillet 2020

Déconfinement # 10 : Mon imagier du confinement - Une Clé USB au Feutre

Je me disais ce matin que je pourrais continuer d'écrire et publier mes textes particuliers, chaque mercredi sur une durée indéterminée, car ne sommes-nous pas entrés/ ées dans une période "particulière" à durée indéterminée ? Une période en équilibre entre le confinement et le déconfinement suite à la pandémie de Covid-19 ? Continuer d'écrire pour continuer d'archiver, consigner les pensées, les évènements, les petits riens, à la manière d'une vigie ou d'une "tour de garde" ? Avec le décalage entre ce qui a été et ce qui est...
 

Hier, je me promenais dans une sorte de parc moyen, installé depuis quelques années à peine à l'est de la ville où je vis. Installé ? Érigé plutôt, quasi sorti de terre à partir de rien, en bordure de son plus vieux quartier vieux et pas "ancien", notez la nuance —, c'est-à-dire qu'il est pris entre un ensemble de barres HLM et un tout nouveau quartier avec commerces de proximité et habitations toutes colorées, pourvues de balcons, hauts, verts et privés.

Différents espaces prévus pour anticiper et contenter toutes les demandes composent cet espace : un parcours pour les joggers, plusieurs aires de jeux pour les 1-10 ans, des pelouses fraîchement tondues où méditer, des herbes folles, des arbres, un petit cours d'eau, ses poules, ses canards, pour la biodiversité, enfin, pour les adeptes de la bronzette citadine, des chaises longues, rivées au sol et orientées plein Sud. Donc, hier, je pars en balade et traverse ce parc ; à un endroit, il y a des jardins, petits et clos, mais qu'il est possible de visiter à condition de faire preuve de respect ; ce sont plusieurs parcelles entretenues, paraît-il, par des employées/és d'une des grosses sociétés sises dans ma ville. 

Ici, poussent, parfois à la diable, des légumes, des arbustes et des fleurs des roses, de couleur blanche ou jaune le plus souvent. Un petit jardinier bossu est là, je ne l'avais pas vu, qui me parle, m'invitant — me forçant presque — à sentir les fleurs jaunes de son rosier. Un peu chétives, me dis-je, en acceptant de bonne grâce de m'en approcher. Ah ? On peut toucher ! Bien sûr, sinon quel intérêt ! (De se casser la paillasse ?) Il m'assure que les jaunes sentent particulièrement bon, je lui soutiens que l'odeur est intéressante, cependant, les roses de l'arbuste voisin, des blanches tout en pétales au toucher soyeux, ont un parfum, elles. 

Perplexité de l'homme dont je comprends de moins en moins le discours. Sa peau tannée et cuivrée ressemble à du cuir vernis,  ses gestes sont lents, économisés. Le bonhomme est aimable — un peu pressant quand même. Je consens à sentir ses roses avec plus de conviction ; mais bon, avec le masque et la distance de sécurité...  Je me contorsionne, j'étire le cou, me hisse presque sur la pointe des pieds : j'imagine une fragrance plus que je n'en fais la véritable expérience. L'homme est tout de même bien content ; je le remercie et le félicite comme il se doit pour son ouvrage, il marmonne un truc et se détourne, s'éloigne comme si je n'étais déjà plus là dans son horizon de rencontre ; c'est comme si j'avais approuvé les centaines d'heures qu'il a certainement passées dans sa parcelle de 2 m sur 2 m 30, penché, préparant la terre, l'ensemençant, l'arrosant, coupant ici, faisant des boutures là, bichonnant son lopin, dans l'attente... jusqu'à voir se manifester la beauté capiteuse de la nature en petits bosquets de fleurs jaunes et parfumées. Mon attention même sceptique lui aura suffi.

Cette rencontre a été brève. Relater ce moment à travers l'écriture l'étire dans le temps d'une façon bienvenue, en fait un petit événement personnel, plein d'une cocasserie qui m'émeut, je dois l'avouer. Illustrant cette impression que je vis actuellement des instants de grâce importants. C'est comme ré-explorer le vivre les uns à côté des autres (ou avec les autres). Je m'égare, sans doute. 

En parallèle de mes balades, de mes incursions brèves du dehors, je reprends mes excursions prolongées dans le dedans ; je retrouve les projets créatifs, mis sur pause probablement au diapason de la vie quotidienne confinée et de l'activité urbaine suspendue... Poursuivre les choses comme si de rien n'était, cela n'aurait-il pas signifié faire l'autruche, refuser de vivre la "crise" dans son propre corps — et dans sa propre maison ?... Je retrouve mes projets de livres, de petits objets qui articulent autant que possible, chacun à leur manière, l'image et le texte, comme les deux faces complices et loquaces d'une subjectivité qui se réveille. À travers la possibilité d'exposer mon travail plus ouvertement — une perspective plus que réjouissante ! — je me mets à penser plus sereinement... à un lendemain...

Je souhaite à toutes et à tous d'expérimenter à nouveau, autant que faire se peut, des états de grâce, dans la rencontre (sécurisée) de toutes les manifestations de l'Autre !

Et c'est ici, avec ces quelques mots, que je clos mon journal du déconfinement et mon imagier du confinement. (Soyons confiante mais avisée et à l'écoute de sa propre sensibilité, disons : pour le moment.)

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Un espace entre les doigts (Une Clé USB au Feutre)


Jour 15  (31/ 03/ 2020) : il n'y a pas d'erreur dans la date ; j'ai voulu marquer à ma manière une répétition ou alors une faille temporelle et temporaire de ma capacité à mesurer le temps qui passe. Je célèbre l'audace - mon audace ! : je dessine à l'encre sans tracé préalable !
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 Rappel : Mon "journal" étalé sur trois mois environ a commencé ICI.

© ema dée

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