Toujours partante pour faire des expériences stimulantes, je saisis l'opportunité qui se présente à moi en février dernier de rejoindre La vie sauvage, un atelier d'artistes, installé dans la commune avoisinant la mienne, ce qui est très pratique pour s'y rendre même à pied. La vie Sauvage est un atelier associatif réunissant depuis plusieurs années sous le même toit huit artistes aux sensibilités singulières et aux activités plurielles — capables malgré tout d'évoluer côte à côte — , et au besoin, de collaborer et de dialoguer entre elles.
Je l'avoue, rejoindre cet atelier, même pour une courte durée, fut pour moi, comme partir à l'aventure dans un territoire inconnu. Car je suis plutôt habituée à mener mes recherches seule à la maison ou au sein d'ateliers pour adultes gérés par un-e artiste enseignant-e qui fixe ou pas un cadre pédagogique et précise des pistes de travail possibles. À la veille de mon installation, je suis à la fois excitée par la perspective de partager un espace collectif et inquiète à l'idée de rejoindre des créatifs bien installés dans leurs activités respectives.
Pour que l'expérience soit enrichissante, je décide à l'avance de ce que je souhaite faire et explorer durant ce mois pendant lequel je vais pouvoir à ma guise travailler en dehors de chez moi. Dans un petit espace à ma mesure, parmi d'autres, ainsi installée à une grande table surélevée généreusement éclairée, pile adaptée à mes besoins d'expressions, pouvoir me concentrer sur une seule chose, pouvoir me (pré)occuper d'une seule chose à la fois, à l'intérieur d'un projet plus important : un projet pluridisciplinaire qui a vu le jour en 2014. L'actualité artistique et environnementale ainsi que mon cheminement personnel me conduisent à rouvrir ce chapitre de ma vie créative que j'avais un peu mis de côté, la Représentation de l'arbre, une sorte d’œuvre multi-facettes qui permet le croisement de différents points de vue et approches. Ainsi, l'occasion de l'atelier s'est présenté à moi comme un cadre opportun — et nécessaire — pour mener à bien une réflexion neuve.
Au sein de l'atelier, je découvre une organisation sociale fort sympathique. D'emblée, elle me séduit et elle me réjouit au fil des jours qui passent (trop vite) : chacun-e a sa spécialité, scénographie, illustration, bande dessinée, modelage, impression, dessin, art vidéo ou édition, et chacun-e mène ses recherches selon son propre emploi du temps. L'intérêt de l'atelier, c'est aussi de pouvoir se retrouver ensemble sans forcément parler de sa création personnelle, de ses projets ou de ses problématiques de recherche. C'est en outre jouir d'un lieu dédié, aménagé, confortable parce qu'il dispose de bonnes ressources documentaires, spatiales, logistiques ou techniques, je veux dire, des livres, du matériel d'exposition, un lieu pour se restaurer... par exemple. Tout y est prévu pour se livrer à ses investigations et rêveries individuelles.
L'harmonie de ce lieu privilégié, propice à la fois à la recherche, au partage, à la rencontre et à l'expérimentation, repose également sur le respect de règles communes de savoir-vivre, au sein de l'atelier, entre artistes et à l'intérieur du bâtiment où il se trouve. Ce dernier fonctionne comme un vivier, d'autres ateliers y sont aménagés et occupés par des artistes œuvrant dans un champs d'activités complètement différent : des youtubeurs, un graffeur et un rappeur.
Qu'ai-je donc fait durant ce mois de février au sein de l'atelier ? À raison de deux à trois fois par semaine, je m'y suis rendue avec à l'esprit — et dans le cœur —, le désir de faire progresser la facette "arbre-dessiné" de mon œuvre à venir. Cet aspect de mon projet que j'avais déjà un peu démarré en amont entre les mois de décembre et de janvier, consistait — et consiste toujours — à travailler le dessin à partir de traces préexistantes et variées, mais sur des formats inédits et avec des outils nouveaux ou utilisés différemment. Ici et là, par exemple, sur des feuilles de papier de format 40 cm x 40 cm et d'un blanc naturel, c'est-à-dire d'une teinte beige clair, (re)vivre une marche en forêt ou (re)composer la vue d'un bois.
Cette "résidence" à ma façon, au sein de l'atelier associatif prend place dans une démarche de créations en work in progress, explorant ensemble l'écriture, le dessin et les objets plastiques ainsi que leur articulation. Ces créations ont toutes pour origine (ou presque) des expériences passées actualisées par une réflexion parfois théorique, présentes ou anticipées. D'autres considérations sur ma représentation de l 'arbre peuvent être lues en cliquant sur le lien suivant : http://www.lehorlart.com/2021/01/un-arbre-comme-sujet-de-recherche-personnelle-et-professionnelle.html
©ema dée
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