En juillet et dans la perspective du prochain Salon SoBD 2021, je me ré-explore à travers la couleur. En rouge, voici que je me redessine et me complète grâce à des envies de relectures personnelles d'un thème cher, la peur, traité dans un premier livre auto-édité en catimini. (Entendez par peur, la frousse, la crainte, le trac, la surprise, la phobie, l'angoisse, l'inquiétude, la paranoïa, l'horripilation... et la frayeur !)
Je m'explique : en 2014, j'auto-édite le recueil Peurs, Images & Textes, après plusieurs dizaines de mois de réflexion en images, en mots, en maquettes et en multiples crises de tête, car ce projet personnel se révèle plus ambitieux au fur et à mesure que filent les jours et que dure la recherche . Et d'une, parce que le recueil puisera volontiers dans plusieurs registres qui s'entrechoquent, pour me permettre de répondre à la récurrente problématique du lien texte-image, en tout premier lieu, le fanzine, la bande dessinée, le livre illustré pour la Jeunesse et le dessin de presse. Et de deux, parce qu'avec mon esprit boulimique à tendance encyclopédiste, je voulais y faire entrer la totalité du sujet.
- Le projet sur la Peur tel que je le perçois et le présente en 2014 : http://www.lehorlart.com/2014/01/la-peur-comme-sujet-de-mon-second-livre.html
Mais peut-on raisonnablement en faire le tour ? Peut-on vraiment évoquer cette question à travers les ressorts, les artifices et la méthodologie d'un seul média, le livre ? Et quand s'arrête l'illustration, quand commencent l'exorcisme et la catharsis ? Stop ! Ça sent la redite, ça ronronne, je tombe dans un autre de mes travers : je vous ressers le même discours de présentation qu'hier et qu'avant-hier. Innovons ! Innovons !
Peurs, Images et Textes est né de l'envie et le besoin d'étudier un phénomène quotidien, à ma portée, c'est-à-dire avec des moyens accessibles à un moment précis de mes compétences d'autrice-illustratrice en herbe : la lecture documentaire (d'ouvrages spécialisés en Sciences humaines), la cinéphilie (je visionne des films d'horreur et d'épouvante cultes ou des thrillers célèbres ; j'enrichis mon vocabulaire visuel ; je répertorie les diverses facettes de la peur dans la culture populaire), l'écriture créative (j'explorerai en particulier les textes brefs ainsi que l'écriture de l'intime) et le dessin "traditionnel" (au trait, essentiellement — et préférablement, de petit format). Le recueil d'une petite centaine de pages sera montré au cours d'une exposition personnelle en 2014 durant laquelle j'exposerai aussi une sélection de dessins originaux ; il sera mentionné également dans divers articles publiés sur ce blog-ci à partir de 2014 traitant soit de l'avancée du projet, de son autoédition ou de ses thèmes.
Ceci étant précisé (reprécisé, re-reprécisé ?), alors pourquoi le rouge ? Est-ce nouveau ? Non. La couleur de la vie, de la colère, de la passion, du danger, de la flamboyante victoire — de la violence, de l'interdiction ! — , apparaît dès les premières images de cet inventaire d'émotions disparates. Cependant, elle ne sera pas utilisée systématiquement, ni de manière homogène. En quelque sorte, elle ponctue un propos et vient pallier à ma difficulté à appréhender ce thème avec toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Il en va autrement aujourd'hui. En plus de faire appel à sa capacité à donner de la vitalité à un dessin en noir et blanc rétro et profiter de sa richesse sémantique, je veux, en choisissant à présent de l'utiliser d'une manière plus radicale, qu'elle soit un soutien à la lecture de l'image et contribue au renforcement de sa signification et de son impact visuel. Là, où auparavant, c'était le rôle que j'attribuais au texte — la dimension littéraire de ma relation à la peur.
Se répéter, se réécrire, se redessiner, se revisiter, voila des (ré)actions qui me parlent, surtout cette année au cours de laquelle je me suis surprise à ressortir des projets mis de côté pendant quelques temps et à me pencher à nouveau sur des idées de développement graphique et/ ou littéraire thématique qui refusaient de mûrir — résistaient... Je me suis associée, je me suis remise en question... je me suis lancée des défis — avec ardeur ! Donc, il s'agit très concrètement ici d'abord de (re)colorier, de parfois coloriser des scènes déjà inventées — déjà dessinées —, ensuite de revoir la manière dont j'ai traité certains aspects du sujet, en proposer une nouvelle version (ou vision) ; il est question en outre de bâtir — construire avec les recherches d'hier, ses fondements — un nouvel édifice livresque.
Je dois avouer que la période 2020-2021 aura réveillé des inquiétudes tapies dans les tréfonds et ravivé des formes aiguës d'incertitudes : quel demain qui (dé)chante nous réserve Dame Nature et comment déterminer l'échelle précise dans laquelle intervenir efficacement, en tant qu'être humaine à l'ère de l'Anthropocène ? Le projet dont une première mouture — à ma mesure — est disponible en permanence sur le site de Blurb*, se sera conclu sur un constat qui me semble, lui, stable : l'actualité de la peur. Pour ma part et au regard de ma trajectoire émotionnelle et intellectuelle, je considère qu'il sera en effet toujours nécessaire de rouvrir ce chapitre. Encore et encore... inlassablement.
Je reprends et enrichis donc l'entreprise éditoriale et artistique commencée il y a quasiment neuf ans — les premiers dessins du projet seront réalisés au tournant de l'année 2011-2012. Le temps passe vite, gageons qu'il m'a apporté du savoir-faire, du savoir-dire, du savoir-raconter ! Et dans l'attente de vous présenter une nouvelle maquette du projet de livre Peurs 2.0, je vous livrerai quelques images au fil du temps, à la manière d'un work in progress. Ainsi, en voici quatre (qui peuvent encore évoluer) — dans l'ordre de présentation dans cet article et sous leur titre initial : Sortir ? (ou Dehors), La mémoire (de nos mères), La poupée qui parle et Un moustique (ou L'inattendu).
*Bien que je le lise avec des yeux très critiques tant au niveau des textes rédigés qu'au niveau des images produites, du parti-pris dans la scénographie des pages ou du choix de couverture, Peurs, Images & Textes restera en effet consultable — en partie, et en ligne — dans sa version d'origine, depuis la plateforme d'aide à l'autoédition. En tout cas, autant et aussi longtemps qu'elle le permettra. À feuilleter selon l'envie et la curiosité sur : https://www.blurb.fr/b/5201726-peurs
©ema dée
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