Chères toutes, chers tous,
Sans hiérarchie particulière — en images et en mots, comme d'habitude —, quelques retours sur mon premier salon parisien de la bande dessinée SoBD qui s'est tenu à la Halle des Blancs manteaux (3ème arrondissement) du 3 au 5 décembre derniers. Écrits et pensés avec la double intention d'ancrer cette aventure dans mon parcours mental, émotionnel, et de créer des archives personnelles toujours bienvenues sur l'autoédition telle que, moi, je la vis. Le propos, chapitré, s'intéresse par conséquent beaucoup à l'organisation de mon salon sur place ainsi qu'à la réception de mes projets d'écriture et de dessin.
1) Contenus, contenants et idées perçues
Que présenter au public de ce projet constitué d'une petite série de livres en textes-images/ images-textes, qui valorise et le parcours et la production finale ? Un projet qui procède de la mise en narration et en page d'un ensemble d'images en noir et blanc et en couleurs, d'abord publiées en ligne. C'est la question que je me suis posée après avoir reçu, il y a un peu plus d'un an, l'accord de l'organisateur de SoBD, Renaud Chavanne, d'exposer mes créations sur un stand long de 1 m 80 et large de 75 cm environ. Ô joie et Ô panique soudaines ! Je chasserai ces émotions entremêlées en établissant un plan d'actions et une sorte de rétro-planning censés me permettre d'organiser cette nouvelle aventure de manière objective, sereine et créative. Combien de livres prévoir ? Faut-il apporter des originaux et dans ce cas, quels originaux ? Si j'envisage des produits dérivés, que faire et comment les fabriquer à moindre coût ? Ce salon est-il la bonne occasion pour montrer des productions inachevées, si oui, quelle sélection opérer et quelle forme privilégier pour ces créations en cours de développement ? sont les principales questions auxquelles j'ai cherché à répondre en amont de cet événement.
Au final, sur mon stand, autour d'un petit espace où dessiner, seront réunis :
— les six livres de la collection Horlart + deux livres hors collection, l'ensemble tiré en édition très limitée ;
— faits main et aux couleurs de mes autoéditions, des badges de 4 cm de diamètre et des stickers — notés steekers pour le fun ;
— deux classeurs, l'un contenant une sélection d'images de mes livres, l'autre des dessins de petit format produits dans diverses occasions se présentant à moi régulièrement — mes obsessions ou mes motifs de prédilection ;
— trois recueils d'un projet de publications à venir privilégiant, quant à lui, un dessin fin et fouillé ainsi qu'une maquette à priori, artisanale ;
Et puis, sous mon stand, à l'abri, dans l'attente, un lot de dessins et d'illustrations de plus grand format, A3, voire plus. Je les montrerai peu, cependant. L'espace suffisant manqua, l'occasion pertinente aussi.
Enfin, la problématique de savoir comment donner corps à tout cela trouvera sa résolution au fil du salon. Comment communiquer, en effet, sur tout cela, sur ma démarche, mes choix artistiques et mon projet éditorial global ? Dire son indépendance en l'affirmant comme un engagement artistique en soi et non comme un choix par défaut ; ceci car je crois, en effet, qu'il reste beaucoup à dire et à produire — démontrer —, sur le chapitre de l'Autoédition pour chasser l'idée qu'elle vient concurrencer l'édition classique ou qu'elle est la bouée de survie des écrivains-es ratées et/ ou non publiées, pas pros, pas intéressants-tes. J'opte pour le freestyle. Une attitude ouverte reposant malgré tout sur un solide parcours d'expériences réussies. Un parcours fait d'interventions orales en public, d'expos d'Art personnelles et collectives, de rencontres avec des éditeurs, des auteurs-trices, des illustratrices-teurs, des artistes plasticiennes et plasticiens, pour finir, la visite de lieux concernés par l'Édition de livres ou la Production artistique éditoriale, salons, galeries et marchés.
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2) Actions, réactions interactions
Réactions du public à mes autoéditions = ++++
Réactions du public à mes goodies faits main = +++
Situation et gestion de mon stand au sein du salon (Zone Underground) = ++++
Interactions avec les visiteurs = ++++
Interactions avec les autres exposants-tes du salon = ++
Visite des expositions et des stands des auteurs-trices et des éditeurs-trices du salon = ++
Sur ces deux points-ci, il faut que je m'explique : l'envie ne manquait pas de profiter des quelques instants d'accalmie sur mon stand ou dans le salon, au cours de la journée, pour aller me promener tranquillement parmi les étals. Pourtant, je ne les ai pas saisies. J'ai rarement pu/ su quitter mon stand, en effet, même quand ma moitié est venue se proposer de le tenir un moment, pour me permettre de souffler. Le petit drame de mon salon ? Voir bien des stands et deviner des démarches nombreuses, ressentir le désir de s'arrêter un peu pour discuter, mieux découvrir, sans parvenir à se ménager le temps de le faire, au bout du compte...
J'aurai pu néanmoins rencontrer en live l'auteur de bandes dessinées et artiste Nylso que j'ai eu la chance d'avoir en entretien, il y a quelque mois, dans le cadre d'études en Art contemporain. Et de croiser Maiiva avec qui j'ai suivi en 2016 l'atelier d'Illustration-Narration d'Emmanuelle Robin au CMA-ÉSAA Duperré et qui, depuis, va son chemin en qualité d'auteure BD et de dessinatrice reporter et événementielle. Du coup, petit bémol sur mes ++.
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3) Souvenir, souvenir !
Plein ! De visiteurs, notamment des étudiantes et des étudiants en Art (BD, Animation, Arts décoratifs, Illustration), de jeunes autrices, tout récemment publiées ou en passe de l'être, des poètes, intrigués-ées par le fait que je me représente et qui s'/m'interrogent : pourquoi et pour quoi l'Autoédition ? Je réponds : pourquoi pas ? Pour... tenter le coup, sonder le public sur ses goûts en matière de lecture d'images, pour entendre du bon — du très bon et aussi du "peut mieux faire"— à propos de mes petits recueils illustrés mis en place dans l'intimité à partir de 2018... Pourquoi ? Pour le coup, pour l'audace, par défi personnel, peut-être pour se dépasser, ou tout simplement, se mettre dans l'action-création de livres. Ainsi, c'est un tout espace créatif et réflexif personnel qui a vocation à s'exposer ; je souhaite qu'il se déploie dans différents contextes, le salon SoBD en est une première forme. En somme, il s'agit de montrer sa frimousse et les jolies idées qu'elle contient.
D'une illustratrice qui "s'arrache les cheveux" sur un projet de livre à quatre mains dans lequel elle doit composer avec des dessins et des textes tous différents et qui m'avoue que ma démarche fantaisiste et indépendante la déculpabilise, tout en lui ouvrant un champ de nouveaux possibles. Qu'elle soit remerciée de son enthousiasme rafraîchissant !
De nombreux échanges avec une pluralité de visiteurs curieux, des gens de passage, français et étrangers, qui s'intéressent à ma production pour une pluralité de raisons, chaque fois, me laissant avec l'impression bienfaisante, que je réalise pour elles, pour eux, à travers mes autoéditions et mes dessins originaux, mes goodies, ce qu'à l'adolescence certains livres, œuvres graphiques et objets artistiques ont fait pour moi : s'adresser un peu à chacun-e en particulier, dans un langage soudain familier et confortable — un genre de maison individuelle.
Du très chaleureux accueil fait à une production en cours intitulée Pinacotext(e) — je la présenterai davantage lorsque le projet sera plus abouti. Car, de nombreuses questions se posent encore puisqu'il s'agit de fabriquer moi-même, comme je le souhaite, ces ouvrages futurs, je veux dire, ces "ensembles d'images rehaussés de textes" conçus comme des variations autour d'un thème ou d'un parti-pris graphique.
Et de tant d'autres !
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4) Une nouvelle leçon chaque jour
Jour 1 : L'organisation de mon stand. Elle s'adaptera aux données de l'instant, c'est-à-dire à la manière dont le public investit mon espace de présentation, comment il se saisit des objets qui sont mis à sa portée. Par exemple, je galèrerai toute la première journée avec la manipulation de mes deux petits classeurs contenant mes dessins originaux. Et cela, parce que privilégiant au départ un accès pratique à mes livres, je remise ces dessins sur papier dans un coin de la table, bien loin de moi, ce qui m'oblige à me lever sans cesse pour les attraper dans le but de les montrer pendant que je présente mes ouvrages. Avec comme résultat, gêner mon voisin de stand (même s'il s'est défendu plusieurs fois d'être contrarié à cause de cela).
Jour 2 : La bonne distance. Entre le laisser-regarder-toucher-partir-sans-rien-demander et l'accompagnement d'un public qui se sent intéressé et qui est dans l'attente d'une réaction de ma part existe tout un monde délicat. Quelle que soit cette réaction, d'ailleurs. Parce que bavarde comme je suis, je veux saisir toutes les occasions de présenter mon travail ainsi que la démarche de recherche qui m'a conduite de mes premiers essais dans l'édition (2011) au stand que je tiens au Salon SoBd 2021, en passant par ma formation en Master à partir de 2014. Je me dirai, au fil des jours, qu'il s'agit finalement moins de convaincre d'acheter mes créations éditoriales ou graphiques que de vivre passionnément, intensément, cet instant de valorisation personnelle, au contact et auprès des publics. Je mettrai trois jours à trouver cette fameuse "bonne distance".
Jour 3 : L'endurance !
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5 ) Perspectives, poursuites et petits bémols
En premier lieu, une interrogation : que faire ensuite ? Je pars de l'idée que rien ne doit être pris pour acquis ; chaque expérience vaut pour elle-même et ne présage rien de la teneur de la suite. L'expérience vécue grâce au Salon SoBD a été pour moi véritable sur bien des plans. Là, au moment où j'écris ce texte, elle me donne une furieuse envie de me remettre au travail, de créer de nouveaux livres, inventer des concepts inédits de projets d'autoéditions. C'est très positif !
En second lieu, un sentiment : l'ahurissement. Un événement public culturel et artistique tel que SoBD attire tous les genres de foules, on le sait bien, avec son lot de "curiosités humaines".
Pour ma part, je resterai interloquée par un monsieur qui procèdera à une inspection de mes badges. Littéralement. Et voilà qu'il les palpe, qu'il en gratte les bords avec ses ongles, qu'il en tord les aiguilles, et ce, pendant bien 5 minutes ! Au point que j'ai cru un instant qu'il allait se mettre un de mes produits sous la dent, histoire de vérifier la quantité d'or qu'il contenait. À l'issue de cette fouille en règle, j'aurai droit à un pouce levé — franchement satisfait de lui et, content de moi ? ; un autre moment, troublée par cet autre visiteur qui portera lui aussi une très vive attention à mon travail, voire un peu maladive. Je dis maladive car tout en tripotant deux exemplaires de démonstration, en particulier, je l'entends répéter les mêmes mots : "formidable cette texture du trait, la texture du trait, là, la texture... du trait..." S'attendait-il à ce que s'ouvre devant lui une caverne jusque-là secrète, dissimulée sous le drap du stand ? Pareillement mal à l'aise, à l'écoute de plusieurs remarques d'un graphiste — d'un abord pourtant fort sympathique —, des remarques égrenées au fil d'un échange, dont je suppose après-coup, qu'il avait pour unique but de valoriser son propre parcours de graphiste, là où moi, je me suis bien défendue justement d'être une spécialiste en la matière. Que pouvais-je bien faire pour lui ? Devais-je y faire quelque chose ?
À ceux-là, je ne réponds rien. J'ai néanmoins réfléchi quelques instants au potentiel d'enseignement de ces rencontres : faut-il vraiment en tirer une leçon ?
En dernier lieu, un mot d'ordre, un mantra : Se concentrer sur l'essentiel ! Je préfère conclure ce rapport d'expérience de mon premier salon SoBD sur une conviction plus engageante, portée par des rencontres enrichissantes et la fierté d'avoir tenu mon stand comme une Grande. Dans le but de l'assoir et de transformer une première fois réussie en des fois, nombreuses, successives et réussies, celle-ci me commande tout à fait d'organiser plus simplement le cadre et la gestion de mon activité artistique dans le champ du Livre. Afin de pouvoir vivre son heureux déploiement. Tous azimuts !
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Pour mémoire ou pour s'informer plus avant sur l'Autoédition à ma façon, on peut lire, par exemple :
— Une présentation de l'album de la collection Horlart Vert de Rouge
— Une présentation de l'album hors collection Du couple moderne
Pour (re)découvrir l'ensemble de la démarche de création de livres, on peut consulter à l'envi la page Objets livres.
©ema dée
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Ema Dée vous remercie de votre curiosité et de votre visite. À bientôt !