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vendredi 20 septembre 2024

Se perdre en dessinant pour se retrouver dessinant ?

Peu de temps, trop peu de temps, a été consacré à la recherche - création graphique pure !

Il est vrai que je découvre chaque jour à quel point faire de l'autoédition n'est pas une activité de tout repos. Pour qu'elle soit dynamique, il faut mener une réflexion totale c'est-à-dire qu'elle doit fonctionner à l'horizontal comme à la verticale, sur un temps distendu : il faut gérer chaque étape de la publication de chaque livre et soutenir en parallèle et la collection et les titres seuls, bien après la phase d'impression  des ouvrages , pour ne pas être oubliée. 

Aussi, le dessin en tant qu'activité récréative, créative et formatrice est menée dans les interstices de temps entre la préparation (ou la recherche) d'un salon, le développement d'un projet de livre et tout le reste de la vie quotidienne. Dans ce contexte, les invitations à produire des images comme des concours, des appels à contributions ou à création m'envoient comme une décharge. Soudain, il y a précipitation, joie, excitation, ébullition. Puis, une sorte de découragement vient ternir la belle énergie de départ.  Pourquoi ? Parce que le dessin final, le dessin satisfaisant, émerge toujours d'une somme de tentatives ou d'expériences libres, d'une accumulation de traces et de manipulations. Je veux dire, qu'elles sont comme un nid grâce auquel les envies se stressent aux apports de tout part. Mieux, elles agissent comme une matrice de laquelle je fais sortir un geste confiant, un regard critique mais bienveillant, une image qui se tient parce qu'elle m'apparaît nécessaire. Le temps de gestation qui s'écoule à la faveur du travail, paradoxalement, permet de tisser un lien singulier avec le sujet donné. Alors que souvent, ces derniers temps, l'invitation extérieure rencontre un terrain laissé en jachère, faute de temps "libre".

La chasse est ouverte. Dessin au format A3. Crayon de couleur fluo, encre de Chine et encre Ecoline

Néanmoins, ces sollicitations extérieures qui ne sont jamais des obligations à/ de faire, je m'efforce d'y répondre. Souvent, je me dis que malgré tout, si la qualité singulière n'est pas au rendez-vous, de mon point de vue, quelque chose d'intéressant advient, forcément. C'est pour cela que j'ai accepté cette année de concourir à Anonymous Drawing Berlin, un concept d'exposition en ligne et en dur, itinérante, organisée en Allemagne, à partir de dessins sélectionnés par un jury qui les reçoit d'abord sous une forme dématérialisée. Pas de thème, pas de contrainte technique, juste une invitation à produire une image graphique dans un format imposé.

Et là, panique, quoi produire ?! A l'époque de l'appel, j'étais encore prise par des contingences, l'esprit sans repos hésitait à se lancer. Mon esprit peinait à faire émerger de mes archives une ligne thématique ou programmatique. Je cherchai loin ce qui était tout près/ prêt et quand je le trouvai, je rechignai à m'en saisir, pensant céder à une sorte de facilité. 


Bientôt l'automne. Dessin au format A3. Crayon Mars Lumograph Black, encre de chine à la plume, feutre pinceau et tampons. 

Dessiner des animaux fut la réponse - j'étais en train de retravailler Un bestiaire sage ; expérimenter de l'inédit fut le modus operandi. L'avantage est que l'on se découvre la capacité d'inventer avec l'existant, d'être créative encore dans un espace familier ; l'inconvénient est le manque de recul nécessaire pour faire entrer cette invention dans sa grammaire personnelle et miser sur une forme de simplicité. Je trouve souvent que les dessins que je produis dans des contextes similaires sont curieusement bavards ; je ne parviens pas à en être contente, même longtemps après.

Néanmoins, je ne regrette pas d'avoir tenté quelque chose de différent, les crayons de couleur fluo ou les tampons. Je me dis simplement que ce n'était pas le lieu de la nouveauté. Je devais compter plutôt sur ce qui me fonde, pour  apprécier dans quelle mesure, un, j'étais capable de l'adapter à une demande extérieure, sans le remettre en question, deux, que je pouvais manifester une démarche artistique dans le dessin.

Une illustration autonome, une histoire en une seule image ou encore, un dessin d'exploration au moyen d'outils qui me caractérisent auraient représenté, il me semble, un meilleur positionnement. Après de là à être retenue pour ce projet d'exposition à Berlin, c'est une autre histoire !

Affaire à suivre...

© ema dée

dimanche 1 septembre 2024

Un été pour se revisiter ?

Décidée à lever un peu le pied sur la publication de mes autoéditions carrées cette année, je suis résolue à creuser le sillon que j'ai moi-même tracé. Mes autoéditions (collection Horlart et hors collection) sont venues organiser des productions graphiques faites en work in progress de 2016 à 2018 ; surtout, elles m'ont permis de mettre en avant ou d'explorer des préoccupations thématiques ou opérationnelles : la représentation figurative d'animaux et de personnages imaginaires, l'utilisation de coupures de presse comme vivier, en particulier, dans l'étude de la mise en scène du corps féminin dans le magazine de mode, le noir et blanc ou la couleur pour elle-même, l'objet du quotidien... 

L'été a été propice à la réflexion et au questionnement sur la manière de poursuivre ma création livresque. Une des réponses est la revisitation : c'est prendre ce qui a déjà été fait et proposer une solution alternative pour voir ce qui en sort. La solution peut prendre différentes formes, pas forcément graphiques.

Un Bestiaire sage, recueil de sagesse humoristique en couleurs, est le premier livre a faire l'objet de cette réécriture de soi/ moi. Elle est facilitée dans la mesure où les illustrations originales en noir et blanc sur papier, qui ont servi de "matrice" pour l'autoédition, se présentent comme inachevées - dans l'attente d'être finalisées depuis plusieurs mois, en fait. Creusant l'idée de la couleur fantaisiste, je reprends mes scènes animalières naïves au feutre, au crayon Mars Lumograph black, au feutre pinceau et au crayon de couleur. Pour ce faire, je développe la palette initiale contenant du rouge, du vert foncé et du vert clair, du jaune clair et de l'ocre, du noir, organisées au départ en aplats cernés avec mon logiciel de retouche d'images.


La "revisitation" se sert malgré tout des illustrations publiées tel que dans livre : elle se propose simplement d'approfondir, d'amplifier ou de modifier totalement ou partiellement la première proposition. L'une des caractéristiques nouvelles apportée par ces images inédites est la valorisation du support, en particulier grâce à l'emploi du crayon noir.

D'où vient cette idée de barioler ces scènes naïves ? Ma nature d'"éponge" y est pour beaucoup. Récemment, grâce à un parcours d'études spécialisées en Design et Métiers d'art, je découvre plusieurs productions assez originales, faits de créatrices ou de créateurs audacieux. Parmi ces travaux, ceux de Nathalie du Pasquier, Martine Bedin et d'Ettore Sottsass. Ces designers, en plus des formes insolites données à des objets du quotidien, ont osé la couleur et/ou l'usage de motifs dans des compositions bigarrées. Très emballée par cette découverte qui me permet d'étendre le champ de mes connaissances plastiques dans le traitement coloré, j'avais envie d'expérimenter des associations improbables et constater à mon tour le résultat dans ma création.  

©ema dée