https://nsm09.casimages.com/img/2019/02/24//19022407010214387616133952.pnghttps://nsm09.casimages.com/img/2019/02/24//19022407010314387616133956.pnghttps://nsm09.casimages.com/img/2019/02/24//19022407010314387616133953.pnghttps://nsm09.casimages.com/img/2019/05/18//19051811441314387616242579.pnghttps://nsm09.casimages.com/img/2019/02/24//19022407010314387616133954.pnghttps://nsm09.casimages.com/img/2019/02/24//19022407010214387616133951.png


samedi 28 décembre 2024

Work in progress : Objets plastiques au féminin

Le fait de publier beaucoup d'articles présentant des séries de dessins ou mes auto-éditions de livres fait peut-être oublier qu'au départ, je me vois plutôt comme une artiste outsider et moins comme une autrice - illustratrice, exclusivement. C'est pourquoi, régulièrement, je m'efforce d'ouvrir le volet plus plastique de mon atelier. C'est une production qui existe, mais qui doit composer avec un manque de moyens matériels et d'espace suffisants pour développer plus avant des projets plus conséquents. Aussi, cette production avance-t-elle avec lenteur et par a-coups.

Dans cette production plastique, qui se montre surtout à l'occasion d'exposition dans des lieux intimistes, et plus rarement, dans des contextes d'appels à projets ou à contributions, la Femme (ou le personnage féminin) occupe avec la Liste (abécédaire, numéraire, imagier) et la représentation de la Nature, une place de choix. 

La Femme apparaît en effet dessinée, peinte, gravée parfois, mais aussi cousue, sculptée, modelée, ou encore, photographiée, voire même "photo-montée." Seule ou dans des groupes, je la propose en différentes versions : elle est jeune ou moins jeune, petite ou grande, élancée, ronde ou biscornue. Tout le corps de la femme m'intéresse comme sujet d'exploration, d'expérimentation, d'interrogation et de préoccupation autant intellectuel qu'esthétique.

Elle a été d'abord peinte ; je me suis livrée ensuite à quelques collages et assemblages, par jeu et goût pour le passage de la 2D à la 3D. Je me suis amusée à la dessiner sous les traits d'une sorcière, dont les formes me furent suggérées par les images de  livres de contes traditionnels ou par des films d'animation. Ainsi de Baba-Yaga imaginée par l'illustrateur Arthur Rackham, de la Sorcière de la rue Mouffetard de l'écrivain pour la Jeunesse Pierre Gripari, ou encore, de Yubâba du réalisateur japonais Hayao Miyazaki (Le voyage de Chihiro, 2001). Je me suis amusée à l'imaginer sous les traits d'une femme à barbe ou de sœurs siamoises : merci Freaks, la monstrueuse parade du scénariste américain Tod Browning ! Plus tard, j'ai rendu hommage à des figures de la Pop culture en détournant des 45 tours.

Dans un contexte d'illustration, j'ai dessiné des groupes de femmes, complices ou ennemies, inspirées par des connaissances, des coupures de magazines ou des rencontres. Ou, par nécessité d'explorer des protocoles de création, j'en ai fait de micro-séries, sur supports carrés de petit format, en techniques graphiques variées, en couleurs ou en noir et blanc. Dans le cadre d'une formation en pédagogie et en didactique des Arts plastiques, je me suis lancée dans des sculptures de papiers recyclés qui furent reçues, abusivement, je pense comme des expressions lointaines ou bizarres de poupées votives. (Pourtant, je ne suis pas proche des travaux de l'artiste plasticien Michel Nedjar !) Et dans le cadre d'un atelier de sculpture, j'ai exploré à la fois le modelage et la couture, l'assemblage et la sculpture en fil de fer.

La poupée, autre avatar commun de la Femme, n'a jamais été très loin. Tout d''abord fabriquée avec des chiffons faits dans de vieux vêtements, elle évoluera, grâce à l'utilisation de tissus plus "luxueux", chinés à la Halle Saint-Pierre, dans le 18ème arrondissement à Paris, et le recours à des points de couture plus élaborés. Les contours de certaines puisent dans mes racines créoles, d'autres font un clin d’œil, par exemple, aux belles et audacieuses nanas de Niki de Saint-Phalle.

J'aime aussi me concentrer sur la figuration de parties du corps seulement. Les photographies de mannequins de magazines  de mode et la publicité imprimée, que je regarde ou collectionne un passe-temps datant de l'adolescence ont aiguisé mon intérêt pour les représentations tronquées du corps. Le fragment, creuset de visions stéréotypées et lieu de fantasmes, m'inspire. J'y vois une forme de figure de style, proche de la synecdoque. Pourtant, le corps qui me sert de modèle n'existe finalement qu'à travers les objets que je crée. Ces fragments suggèrent une femme que chacun.e doit lui.elle-même reconstituer. Sont-ils comme des accumulations, significatives ou soumises au hasard, dont le sens m'apparaît à postériori ? Peut-être. La partie renvoyant au tout, je fabrique, à partir de la rencontre entre des matériaux, des couleurs et des gestes, des objets-poèmes.

Mes diverses représentations fonctionnent groupées ; elles se comprennent par des liens que je tisse entre chaque élément de ces groupes. Certains de ces éléments dégagent un érotisme fantaisiste ou... de la drôlerie. L'ensemble de ce vaste work in progress, composé d'esquisses, d'essais, de pièces achevées ou en cours, et même, de textes brefs, a reçu le nom de La Femme éclatée. Tout en cherchant un langage plastique singulier et unique, à travers ces multiples traductions, j'aime me dire que j'ai des mentors qui cadrent ma recherche-création, Marlène Dumas, Meret Oppenheim, Dorothea Taanning, ou encore, Kiki Smith. Ainsi que des sujets de prédilection, notamment, la culture orale, les figures icôniques de l'Histoire de l'art telles que les Trois Grâces, l'Enfance, ou bien des gestes récurrents, comme la manipulation intuitive de matériaux variés et la collection.

Pour les objets plastiques présentés dans cet article, j'ai poussé justement ma tendance à utiliser et mêler différents techniques, médiums et  matériaux hétéroclites, ceux-là mêmes que je regroupe et conserve au fil du temps dans l'attente de. Pour les matériaux : ce sont des tissus à motifs et de laine, préférablement, du textile recyclé, des fils de fer recuit ou teintés, de l'argile et de la pâte à modeler qui sèche à l'air libre, de la corde brute ou colorée, des fils (de lin, de coton), des lacets, des papiers à gros grain et d'emballage ou encore, des rubans, des boutons et d'autres petits articles de mercerie souvent récupérés sur des vêtements trouvés dans des friperies. Selon la pièce, il m'arrive d'avoir besoin de tester de nouveaux médiums récemment, de la peinture en bombe. Alors, un faisceau de nouvelles pistes créatives et d'expression plastiques possiblement exploitables se dessine... 

©ema dée

lundi 16 décembre 2024

Laboratoire d'hiver et de printemps : retour à l'écriture fictionnelle...

Peut-être ai-je souhaité envisager la fin d'année 2024 et ses fêtes, différemment ? Car, je reprends l'écriture fictionnelle que j'avais mise de côté. Durablement. Il s'agit d'une écriture "scénaristique" : le texte attend une mise en image par quelqu'un. e qui n'est pas moi. Ou alors, il est plutôt question d'une écriture "pure" : le texte se suffit à lui-même. Et à ce titre, il ne souffre rien d'autre que lui-même, à part, un autre texte qui viendrait en écho, en rebond, en désaccord, en prolongement, en excès... dans le cadre d'un recueil, idéalement.

En décembre dernier,  l'esprit en vacances je n'ai pas de salon à préparer 'j'ouvre un de mes dossiers archives ; au fil du temps, j'y ai rangé dans un ordre plus naturel que réfléchi une somme de textes. Ils sont variés, en longueur comme au niveau des sujets qu'ils abordent et le ton employé. Cependant, ils ont tous pour point commun d'être dans l'attente d'un approfondissement, quel qu'il soit. Pour certains, l'attente fut longue et dure encore. 

Je relis avec surprise des récits oubliés ; je m'étonne de la teneur de certains ; je me reconnecte avec des envies d'écriture d'invention, secouée, actualisée puis boostée il y a maintenant plus de 7, par un parcours universitaire, conduit entre Le Havre et Cergy-Pontoise, en Création littéraire contemporaine. Un itinéraire académique qui fut pour moi résolument fondateur. 

C'est que l'inspiration, cinq ans durant, fut portée ailleurs. Je travaillai à un projet axé sur la relation texte-image et sur l'écriture de formes brèves. Mon Master de Création littéraire aura effectivement ouvert des portes : ce furent des genres littéraires auxquels je n'avais pas prêté attention ou des manières d'envisager l'écriture suffisamment inédites pour qu'elles laissent en moi une trace sensible. J'ai voulu m'engouffrer dans une des pièces et y rester un moment. De cette sédentarisation est d'abord née l'idée ludique d'écrire de petits recueils à partir d'images ; dans ce cas, l'écriture arrive comme un commentaire, un sous-texte. Mais pas forcément, pas obligatoirement ni systématiquement. À force de pratiquer l'exercice, une dialectique s'est installée, entre l'écrire et le dessiner.

C'est ce qui m'a préoccupée un long moment. Chercher à faire émerger entre le dessin et le texte, un troisième espace, celui de l'imaginaire. Et puis, il y a eu, chevillée à cette nécessité de produire des écrits courts et variés, celle de conduire un projet livresque jusqu'à son aboutissement, à savoir, sa présentation publique et sa commercialisation,  via l'auto-édition.

Mais en cette fin d'année, il est question de tout autre chose. L'écriture s'est débarrassée de la contingence d'une mise en image que je produirai dans l'après-coup. Je ne reviens pas non plus à mes premières amours ni à mes premières tentatives, qui datent : la nouvelle absolument d'ordre fantastique ou l'écriture narrative forcément auto-fictionnelle. Il est question d'une disposition d'esprit nouvelle, d'envies et de perspectives littéraires qui, elle aussi, est expérimentale. Cependant, comme pour la forme brève, ce projet —  d'envergure, je le crois sincèrement, s'appuie sur quelques bases préexistantes. 

À suivre...

©ema dée